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Un bon exemple, issu de notre fonds Poyet : cette prise de vue datant de novembre 1946 où l'on découvre l'ombre du photographe et de son appareil…Imaginons qu'au tirage, il a pu facilement recadrer son sujet et livrer un cliché sans défaut… |
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Cette photo de Jacques Henri Lartique est universellement connue. Prise en 1913, elle ne satisfaisait pas son auteur à plusieurs titres : selon les règles de l'orthodoxie photographique alors en vigueur, l'image était trois fois ratée, car floue, décadrée et déformée. En réalité, même s'il n'a pas eu dans son champ la voiture entière, Lartigue a suivi le mouvement de celle-ci avec pour conséquence un arrière plan flou… |
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Cette vue issue du fonds Poyet pourrait subir la même critique. Elle a été prise par Jean Poyet pour le Lieutenant Chassaing, le 3 octobre 1933. L'identité de situation avec la photo de Lartigue est saisissante. L'arrière plan est flou, du fait que le photographe, malgré le poids de sa chambre photographique, a effectué un mouvement vers la gauche, lui permettant, malgré une vitesse de prise de vue sans doute de l'ordre du 30° de seconde, d'obtenir une image parfaitement nette de son sujet en mouvement, et le flou de l'arrière plan ne fait qu'accentuer l'idée de mouvement. Peut-on parler de défaut ou de fautographie ? |
Dès lors, l'utilisation du reflet devint presque systématique, ainsi cette photographie ci-contre, de Lisette Model intitulée " Premier reflet " (New York, 1939-1940, galerie Baudoin Lebon, Paris) |
Photographie de Eugène Atget, Antiquités, 21 Foubourg St Honoré, Paris (BNF) |
Laissons la parole à Clément Chéroux, pour conclure :
" Une vitrine seule ne produit pas de hasard. Pour que le reflet existe, il faut qu'au gré de ses pérégrinations, le piéton surréaliste passe aux abords de la devanture. Mais là encore, le reflet peut être totalement dénué d'intérêt, voire le piéton d'attention. La collusion de ces deux causalités peut donc produire un résultat positif ou négatif. Le hasard est heureux ou malheureux. Les erreurs photographiques partagent la même ambivalence. " Ce n'est pas parce qu'une photographie est ratée qu'elle est bonne " affirme Jean Philippe Charbonnier, un grand photographe de reportage, malheureusement méconnu du grand public. (il est décédé en 2004).
Les photographies que nous évoquons sont de véritables perles, au sens où le conçoit la littérature… ou l'ostréiculture. Comme ces petites concrétions de nacre, précieuses et magnifiques, elles sont la bienheureuse conséquence de l'introduction accidentelle d'une impureté au cœur de la matrice… "
Carton d'invitation de Benjamin Vautier, dit " Ben " pour son exposition présentée à la Maison européenne de la Photographie à Paris, en juillet 1997
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