Histoire de la photographie. 

Si l'invention de la photographie est hautement revendiquée par la France, à travers Niepce et Daguerre, l'Angleterre y est aussi pour quelque chose grâce, en particulier à William Fox Talbot, un scientifique pluridisciplinaire comme son siècle en a connu beaucoup, qui 6 ans avant Daguerre, brevetait un procédé qui allait devenir le vrai et seul avenir de cette technique merveilleuse.

En 1833, lors d'un séjour au lac de Côme en Italie, Talbot tenta de reproduire des paysages en s'aidant d'une chambre claire, pour tracer des esquisses. Mais cette technique supposait de dessiner, ce qu'il n'appréciait pas. Il chercha alors à obtenir des images durables par un autre moyen et débuta ses expériences photographiques.

Son premier procédé s'appelait " dessin photogénique ". Il consistait à placer un objet sur une feuille de papier sensibilisée, puis à exposer le tout à la lumière, avant de fixer l'image obtenue.(Voir les photogrammes pratiqués dans tous les clubs photo)

La silhouette de l'objet - feuille d'arbre, plante, plume, dentelle... - apparaissait en négatif. Le support photosensible était fabriqué en mouillant une feuille de papier dans une solution de sel de cuisine, puis de nitrate d'argent. La combinaison de ces deux produits donnait du chlorure d'argent. Nous avons vu dans les chapitres précédents que l'on connaissait les propriétés photosensibles du chlorure d'argent depuis longtemps. Après l'exposition, l'image était fixée avec un sel de potassium. Ce fixage est essentiel dans sa découverte. En effet, il arrête l'effet de la lumière sur le chlorure d'argent en supprimant tout simplement celui-ci, ne restant alors sur le support, que l'image formée d'argent métallique noir.

Talbot poursuivit ses essais en utilisant la chambre noire. Il se servait de chambres de petite taille, appelées " souricières " par sa famille.

En 1835, il obtint le premier négatif sur papier qui nous soit parvenu. Cette petite image négative de 2,5 cm de côté représente une fenêtre, prise de l'intérieur de Lacock Abbey, sa résidence dans le Wiltshire.

L'un des premiers négatifs sur papier obtenu par Talbot

Queens College à Oxford

Il perfectionna son procédé et déposa un brevet en Angleterre en 1839, l'année même où l'état français achetait pour la rendre publique l'invention de Daguerre.

Pourquoi avoir attendu 1839 et la publication de l'invention du daguerréotype pour divulguer ses propres recherches, nous ne le saurons sans doute jamais. L' épreuve obtenue par Talbot sur papier était bien évidemment négative et il utilisait ce négatif pour obtenir à partir d' un seul cliché plusieurs tirages positifs sur papier au chlorure d' argent ( papier salé ), contrairement au daguerréotype qui était bien évidemment une image unique. Le tirage était ensuite lavé et fixé avec du chlorure de sodium, ce qui assurait une certaine stabilité de l'image. Il semble donc que Fox Talbot fut le découvreur du procédé Négatif / Positif qui est encore utilisé de nos jours. Le CALOTYPE, c'est à dire le négatif sur papier, nommé ainsi par Talbot lui-même n' a pas profité comme le daguerréotype des nombreuses améliorations dues à quantité de chercheurs, le procédé étant dans le domaine public. En effet Fox Talbot déposa un brevet pour sa découverte et attaquait systématiquement quiconque utilisait son procédé, ce qui refroidit très certainement de nombreux chercheurs et ne permit pas au calotype de se développer aussi rapidement que le procédé de Daguerre.

 

Malgré cela le calotype suivit son bonhomme de chemin et s'imposa bientôt avec ses avantages ; possibilité de tirer plusieurs épreuves à partir d'un seul négatif, prix de revient nettement inférieur. Un problème subsistait tout de même, c'était la perte des détails à cause de la structure du papier qui créait quelque soit la netteté du cliché un certain
flou sur les positifs. Pour pallier cet inconvénient on a essayé toute une panoplie de procédés, on a ciré, vernis, "benziné", le papier négatif mais rien ne permettait d'obtenir des résultats parfaits, il fallait trouver autre chose.
Et évidemment quand l'esprit humain se met à chercher il trouve.
En 1847 un certain Abel Nièpce de Saint-Victor (qui n'est autre que le cousin de Nicéphore Nièpce) fait connaître à l'académie des sciences son procédé qui permet d'obtenir les négatifs sur plaques de verre et de ce fait de supprimer tous les inconvénients du négatif papier en conservant les avantages. Le procédé en question consistait à étendre sur une plaque de verre de l'Albumine d'oeuf dans laquelle on avait dissout de l'iodure de potassium, après séchage la plaque était sensibilisée, exposée, développée, et fixée. Ce procédé à l'albumine permettait d'obtenir des clichés d'une très grande finesse, mais souffrait d'un handicap majeur, le temps d'exposition était extrêmement long. Et quelques années plus tard une nouvelle substance allait faire son apparition et remplacer l'albumine : le Collodion.
La description du procédé risquerait d'être fastidieuse pour nos lecteurs, et compte tenu que dans quelques temps, nous proposerons au public des stages de découverte des techniques anciennes de la photographie, je préfère vous renvoyer sur Internet (comment y échapper ?) pour apprécier le travail fait par Alain Gayster, un amateur passionné, qui décrit avec une grande minutie et de nombreuses illustrations sa pratique du calotype gélatiné : http://www.photo-helios.org/

En 1862, E. de Valcourt publia dans la collection des Manuels Roret - sorte d'inventaire exhaustif des techniques du 19° siècle -, un livre en deux tomes, intitulé : " Nouveau manuel complet de photographie sur métal, sur papier et sur verre contenant toutes les découvertes de Mrs Niepce et Daguerre, Talbot, Blanquart Evrard, Niepce de St Victor, etc… précédé d'un résumé historique et critique sur l'origine et les progrès de la photographie. " Jetons-y un coup d'œil…

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