Jacques Damiens témoigne
L'entreprise Poyet, devenue tout à fait prospère, recrute et comptera jusqu'à une dizaine de personnes entre les deux guerres.
La création d'un site internet afin de faire connaître le fonds Poyet a permis de nombreux contacts dont tout particulièrement celui d'un ancien apprenti de Jean Poyet, Jacques Damiens qui, après une chaleureuse et efficace collaboration dans la rédaction du journal éponyme, nous a malheureusement quitté le 25 juin 2011.
Il est entré en apprentissage chez Jean Poyet en 1943
Lors de notre première rencontre, heureux de rencontrer enfin un témoin de la vie de mon photographe, je lui posais la question : quel homme était ce Jean Poyet que je fréquente à travers son travail depuis des années. Sa réponse fut brutale : « Oh, c'était un vieux con ! »
C'était particulièrement drôle d'entendre ceci sortant de la bouche d'un vieux Monsieur de 80 ans.... Comme il me l'a expliqué ensuite, Jean Poyet avait déjà 72 ans, utilisait 4 ou 5 apprentis en même temps, ne leur apprenant que le strict minimum afin de les rendre opérationnels, ce qui était de bonne guerre chez beaucoup d'employeurs à l'époque, et peut être même encore aujourd'hui, bien que l'apprentissage soit moins en vogue !
Par ailleurs, le fils de Jean Poyet, Fernand, travaillait encore avec son père à cette époque, plus pour longtemps, les heurts entre le père âgé et le fils étant très fréquents, puisqu'il allait s'installer peu après à St Raphaël. Il avait d'ailleurs proposé à Jacques Damiens de le suivre là-bas, mais ce dernier choisit une autre voie et reprit un studio à Douai.
Fernand et Jean étaient devenus très amis, et d'ailleurs, ils firent de l'avion ensemble au terrain d'Epernay, à quelques kilomètres de la ville. Cette amitié n'était pas des mieux vues par le « père Poyet » comme Jacques Damiens l'appelait.
jacques damiens
Réparation des films de location dans l'atelier Poyet sans doute en 1945. Au premier plan, Jacques Damiens, notre témoin,
et derrière un autre apprenti, Guy Cintract
jacques damiens
Au premier plan, Eliane Baudry également apprentie
ensuite, Jean Elie, Jacques Damiens, la tête dans une cabine de retouche, puis Daniel Lapred qui a terminé Grand reporter sportif à France Soir.
A droite de l'image, Guy Cintract.
L'atelier comptait donc à cette époque quatre apprentis

Jacques Damiens me commente ainsi la photo suivante :

« Le magasin en 1948, avec devant la C4 citroën sur laquelle j'ai pris mes premières leçons de conduite avec Fernand Poyet »
Dans les années quarante, Fernand Poyet avait inventé un appareil permettant de passer en continu 60 mètres de film. Cet appareil, le FP3, breveté , fut fabriqué dans l'atelier de la rue Gambetta, à plus de 300 exemplaires à partir de pièces Pathé, et d'autres fabriquées par M.Baignol, ferblantier à Magenta derrière l'église.

FP3

FP3

FP3

Il m'a demandé dès 2006 de lancer un appel pour essayer de retrouver l'un de ces appareils qui doit bien encore exister dans quelque grenier...Pas de réponse, encore !

A cette époque, avant que Fernand Poyet, fils de Jean, ne parte créer sa propre entreprise à Cannes, le studio sparnacien comptait donc une dizaine de personnes dont 4 apprentis, et en en souriant, Jacques Damien me confiait qu'un apprenti gagnait par mois ce qu'un ouvrier gagnait par jour...

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