Histoire de la photographie : une
découverte extraordinaire près de Chalons sur
Saône
Le laboratoire d'un
éminent photographe du 19°
siècle vient d'être redécouvert le 29
mai 2007
après 150 ans : la porte du laboratoire est
restée
fermée depuis le décès, sans doute
accidentel
par empoisonnement, de Joseph Fortuné Petiot-Groffier qui
créa ce laboratoire en 1840, et y travailla
jusqu'à son
décès en 1855.
Les photographies
prises dès cette découverte par
Pierre Yves Mahé qui dirige la Maison Nicéphore
Niepce
ont fait l'objet d'une courte exposition à la galerie
dirigée par Michel Cabellic dans le 14°
arrondissement de
Paris : interview
de Michel Cabellic
Voir
la vidéo réalisée à
l'occasion de cette
exposition.
- Un tour de clé et une porte s'est ouverte sur un
passé vieux de 152 ans. Un laboratoire de l'un des tout
premiers photographes au monde vient d'être
redécouvert. Intact.
- C'est en 1840 que Joseph Fortuné Petiot-Groffier
ouvre son laboratoire. Il s'en servira jusqu'en 1855 et
décédera mystérieusement, probablement
à cause des chimies photographiques. Prudemment, les
héritiers fermèrent la porte.
- De génération en
génération, la demeure des environs de Chalon est
restée occupée mais cette pièce
restait close sans pourtant être totalement
oubliée. Car la famille a toujours eu conscience de
conserver ainsi un trésor mais qui restait soigneusement
bouclé à double tour derrière sa porte
en bois, au deuxième étage - désormais
inoccupé - de l'habitation.
- Il y a deux ans, le dernier membre de la famille
hérite à son tour de la demeure et c'est
là qu'il découvre le trésor. Mais il lui
faudra deux ans pour déterminer à qui il choisira
de le confier, soucieux de le préserver complet, de ne pas
le disperser.
- C'est ainsi qu'en début d'année, il
décide de contacter Pierre-Yves Mahé,
l'initiateur de la Maison Nicéphore Niépce,
à Saint-Loup de Varennes. " J'ai quelque chose à
vous montrer ", glisse-t-il. Pierre-Yves Mahé veut venir
voir sur place la réalité de cette
découverte sans deviner un instant ce qui l'attend.
- " Je n'attache pas une importance colossale à
cette annonce au départ ", confie M. Mahé qui a
déjà vu des promesses de découvertes
sensationnelles se révéler finalement bien
banales.
- Pourtant, quand la fameuse porte s'ouvre enfin devant lui,
c'est un monde oublié qui apparaît. Un laboratoire
complet, intact, tel que l'avait laissé son utilisateur
juste avant sa mort en 1855 et laissé en l'état
depuis. " Ce fut un instant grisant, on ne sait plus où
regarder il y avait des centaines de bouteilles de chimie, souvent
pleines, des centaines d'ouvrages, des objets partout dont plusieurs
appareils permettant de réaliser des images selon les deux
premiers procédés photographiques, le
Daguerréotype et le Collodion ".
- Et pour lui qui s'investit depuis 1999 dans son projet de
Maison Nicéphore Niépce, c'est aussitôt
des réponses instantanées à des
questions qu'il se pose, des perspectives de recherches. " Tout se
bouscule dans la tête en un seul instant ".
- Dans l'émotion du moment, une pensée
surgit :
- " et si tout ceci brûlait demain, je m'en
voudrais toute ma vie ". Alors Pierre-Yves Mahé
photographie. Tout. De façon
désordonnée. " Il y avait urgence à
sauver quelque chose ".
- Le choc de la découverte passé, les
responsables de la Maison Nicéphore Niépce,
Pierre-Yves Mahé mais aussi Jean-Louis Marignier,
Michèle Lourseau, entament l'inventaire complet de ce
trésor qui n'en a pas fini de livrer tous ses secrets. "
Nous en avons pour plusieurs mois d'études ", estime
aujourd'hui M. Mahé. Jamais a priori, une telle
quantité de chimie d'époque n'avait en effet
été retrouvée, plus de 300 flacons
encore pleins dont bon nombre encore cachetés.
Associé à cela, plus de 400 livres
antérieurs aux années 1830 contenant tout le
savoir de l'époque sur lequel un photographe pouvait
s'appuyer. Bien sûr, tous les accessoires
nécessaires à la réalisation de
Daguerréotypes et Collodion y sont au complet.
- Un laboratoire intact, tel que son propriétaire
l'avait laissé fermé la veille. il y a 152 ans
- Grâce à ce prodigieux bond dans le
temps qu'une ouverture de porte vient de lui faire effectuer, ce
laboratoire et les résultats des recherches seront
présentés dans la Maison Nicéphore
Niépce à Saint- Loup de Varennes, en plein
cœur du territoire de naissance de l'aventure photographique.
Définitivement bourguignon.
-
- C. Saulnier
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