Témoignage sur l'entreprise Poyet : Marie Thérèse Peltier y a travaillé de 1947 à 1962

M.T peltier entrain de recoller un film le 4 mars 1950

Elle vit actuellement à Epernay et m' a reçu avec beaucoup de gentillesse pour porter témoignage de son passage chez Poyet.

Elle y entre en apprentissage à 17 ans, fin 1947, en premier pour y devenir vendeuse. Elle apprend donc à s'occuper du magasin, puis assez vite, devient plus technique : le studio louant des films de cinéma 8 mm, elle rembobine et vérifie chaque retour, parfois recolle les films cassés. Puis elle servira d'assistante à Robert Persohn, lui-même formé par Jean Poyet, qui assure les prises de vues extérieures. Jean Poyet a alors 77 ans, travaille toujours, mais sort moins. Il travaillera d'ailleurs jusqu'à son décès, en 1956.

Sur le pas de la porte du magasin dans les années 50

Elle raconte avec le sourire les émotions fortes de sa première sortie : tenir la torche flash au-dessus du lit d'un homme récemment décédé, prise de vue à domicile, bien sûr, qui permettait l'édition de "souvenirs mortuaires", avec, au dos de la carte, une prière imprimée.
Elle occupera pratiquement tous les postes de l'entreprise qui compte alors plusieurs apprentis, donc Jacques Damiens qui participe à la rédaction de notre bulletin (n° 4, 5, 6) et a adhéré depuis plusieurs années à notre association, en tout une dizaine de personnes dont deux femmes de ménage : une pour la maison des employeurs, l'autre pour l'entreprise.
Après le décès de Jean Poyet, elle fera aussi les prises de vues pour les photos d'identité. Elle apprend aussi à retoucher les négatifs.

A la retouche, en haut, et à la grosse glaceuse ci-contre

"Monsieur Poyet était absolument intraitable sur la qualité du travail, n'hésitant pas à me faire tirer plusieurs épreuves pour juger du résultat, lui qui, par ailleurs, était si économe."
 
Elle évoque alors les conflits entre le patron et Robert Persohn au sujet, entre autres, du chauffage :
"Monsieur Poyet éteignait la chaudière du chauffage central tous les soirs et se levait à cinq heures du matin pour l'allumer, si bien que l'hiver, nous grelottions dans l'atelier qui ne devenait vivable qu'au moment de quitter le travail. "
Elle ajoute :
" Les Poyet avaient eu des débuts très difficiles, vivant sans meubles, jusqu'à ce que le magasin devienne très fréquenté, ce qui explique sans doute son acharnement à l'économie..."
Après le Décès de Jean Poyet, sa fille Marguerite a essayé de poursuivre l'activité, mais sans arrêt, elle sollicitait son frère Fernand, intallé depuis 1945 dans le midi, si bien que celui-ci, lassé de faire des aller-retours entre Cannes et Epernay, a mis le fonds en vente, trop cher pour que le premier opérateur, Robert Persohn rachète, si bien que ce dernier a créé son propre studio, rue Eugène Mercier, et c'est M. Schillinger qui prit la sucession de la famille Poyet.
Marie Thérèse Peltier resta encore quelques mois avec ce dernier, puis cessa son activité à la naissance de sa fille Isabelle.
Elle garde un très bon souvenir de ces quinzes années passées chez Poyet et n'a qu'un seul souvenir d'horreur :
" Nous tirions les copies de plans pour les architectes, et c'était un supplice que de faire ce travail dans une atmosphère irrespirable d'ammoniaque ! "
 

Marie Thérèse Peltier,en 2008, qui pose à côté de son bouquet tout en mettant en vue le catalogue de l' exposition sur le fonds Poyet que je lui ai offert...

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