Histoire de la photographie. Nous resterons avec Daguerre et surtout avec quelques uns des innombrables chercheurs qui ont enrichi et perfectionné son procédé avant qu'il ne soit totalement abandonné au bénéfice du négatif sur verre… |
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Revenons un instant sur cette remarquable découverte et résumons la ainsi : une plaque de cuivre dont une face est argentée est soumise à des vapeurs d'iode qui se combinent à l'argent de la surface pour former une infime couche d'iodure d'argent, sel sensible à la lumière, qui provoque son noircissement. Mise en place dans la chambre photographique, l'objectif est ouvert, et la lumière réfléchie par tous les objets en face de cet objectif atteint la surface sensible d'iodure d'argent. Abandonnée au jour, cette plaque va rapidement noircir, faisant apparaître une image fugace et négative, faute d'un fixage efficace qui empêchera l'évolution de la surface insolée. L'idée absolument géniale de Daguerre a été de soumettre la surface insolée à des vapeurs de mercure. Il se trouve que les gouttelettes microscopiques du mercure se condensent de préférence aux places les plus éclairées, et, si l'on regarde la plaque de telle façon que les endroits restés polis reflètent une surface sombre, alors les endroits mats recouverts de gouttelettes de mercure semblent clairs, les autres obscurs ; on obtient ainsi immédiatement un positif. Comment donc Daguerre eut-il cette idée ? C'est dans un vieux traité de chimie édité en 1913 chez Gauthier-Villars que j'ai trouvé la réponse apparemment inconnue par tous les livres traitant de l'histoire de la photographie que j'ai pu consulter, mais cependant évoquée dans l'article de Wikipedia consacré à Daguerre… |
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Mais la " folie daguerrienne " s'est emparée de Paris malgré le coût et l'encombrement de l'équipement. Ce procédé n'est pourtant pas exceptionnel : la surface (plaque rarement supérieure à 16x21 cm dite " pleine plaque "), miroitement excessif dû au cuivre, lourdeur de celle-ci, fragile car se rayant ou s'oxydant rapidement, long temps de pause. Ce dernier problème ne permet pas la réalisation de portraits " naturels ". Les visages sont figés, hagards Le temps, l'atmosphère, le moment de la journée, la qualité de la préparation des plaques sont autant de paramètres qui rendent difficile la maîtrise du daguerréotype. Il faut à midi en plein été, 10 à 120 minutes de pose en 1838, 8 à 12 en 1839, (en hivers 1839/1840). Les différentes découvertes permettent de réaliser un temps de pose en dessous des 10 secondes à partir de 1840/1841.
L'exploitation commerciale du daguerréotype peut dès lors prendre son essor. Des ateliers de photographie voient le jour aux Etats-Unis dès 1840, puis à Paris et à Londres. Arago présente des portraits réalisés en 10 à 12 secondes en juin 1841. Il faut alors une chaise spéciale, équipée d'un appui-tête pour faire des portraits en plein soleil, sous des verrières au sommet des immeubles. Un supplice à l'époque. En 1841, il existe une dizaine d'ateliers autour du Louvre. En 1842, des ateliers ouvrent à Strasbourg, Marseille, Lyon. Alors qu'en Angleterre l'implantation du daguerréotype est freinée par le monopole de Richard Beard (qui a racheté les droits du procédé à Daguerre en 1841, car curieusement, Daguerre étant au courant des recherches de Talbot, avait protégé son invention par un brevet, alors qu'en France, comme nous l'avons vu, achetée par l'Etat, elle est dans le domaine public.), en 1850 Londres ne compte que six ou sept ateliers contre une cinquantaine à Paris.
Aux Etats-Unis, pays naissant sans traditions artistiques, l'essor du daguerréotype est important. Albert Southworth et Josiah Hawes ouvrent à Boston en 1843 leur " Artist 's Daguerrotype Rooms ". Ils maîtrisent l'art du portrait, notamment d'enfants. Le daguerréotype voit son domaine d'application étendu à l'architecture, à la science (avec des photographies microscopiques dès 1839-1840), à l'ethnologie, à l'astronomie. C'est la précision du daguerréotype qui fait son essor. |